Année du Cheval
Depuis de nombreuses années, j’use et abuse du cours de chinois annuel pour me dédouaner de mon retard habituel pour les vœux classiques.
Cette année 2014 est pour moi différente des autres en raison de problèmes personnels assez graves. Je demande donc votre indulgence, ce cours n’aura pas la légèreté que j’aurais voulu y mettre, ou, au contraire, il vous semblera trop gai, compte tenu de la période difficile que je traverse ; considérez le comme une forme de « lâcher prise », ou comme un bouclier.
C’est d’abord un anniversaire :
Il y a une douzaine d’années, nous avons détaché de l’ATA (association de taijiquan de l’Anjou) notre groupe Taijiquan en Baugeois dont le sous titre « le cheval sauvage » proclamait notre indépendance neuve dans le respect des enseignements transmis par nos maitres et en saluant l’année du Cheval d’Eau. Ce titre faisait également référence à ce geste « Tàn ma » caresser l’encolure du Cheval (sauvage). J’ai toujours aimé ce geste et cette dénomination, j’ai donc résisté à mon habitude de changer ce nom pour en trouver un plus rigolo.
Et une fête :
Le 31 janvier en Chine et le 1er février en Europe, nous entrerons dans l’année du Cheval de Bois.
Le caractère Ma cheval fait partie des premiers caractères chinois qui nous sont enseignés : simple et agréable à tracer il évoque, surtout dans sa forme classique, cette crinière que nous aimons caresser.
Il se prononce ma au troisième ton (la voix démarre de haut descend et remonte comme si on disait « maa »).
Le son ma sert d’ailleurs aux débutants en chinois à appréhender l’importance des 4 tons :
http://blog.chinoisfacile.fr/post/2010/Les-4-tons-de-la-langue-chinoise
(le 5 ème ton est le ton « léger »( ma particule interrogative en fin de phrase)
tracé du caractère ma =maman avec à gauche la clé de la femme qui se trace en premier. Dédoublé pour dire Mama= maman.
Mais revenons à nos moutons canassons chevaux.
Ce Ma= cheval fait partie des « vieux cent noms de famille » en Chine et serait, selon la légende, plutôt porté par les musulmans (le Ma renvoyant à Mahomet).
Mes rencontres avec la gent équine furent limitées et quelque peu humiliantes, surtout quand j’ai compris que ce type de bestiole ne se manipulait pas aussi facilement qu’un chien. Mon apprentissage de l’équitation se révéla hippique épique décevant mais ça reste un sujet de plaisanteries avec mes amis qui préconisaient, pour l’avenir du centre équestre, que je me contente d’une monture en bois.
Ma recherche des différents chevaux m’a conduit à quelques rencontres :
-avec Jolly Jumper, le compagnon de Lucky Luke,
-avec les chevaux chinois de la grotte de Lascaux dont j’ignorais l’existence.
-avec un troupeau de chevaux quand j’ai cherché un origami simple pour ceux qui voudraient décorer la table du nouvel an chinois. (celui-ci est assez simple)
-avec le cheval du jeu d’échecs et son parcours en L.
-avec le cheval du photographe Eadweard Muybridge : qui démontra que pendant un court instant, un cheval au galop, se retrouve les quatre pattes au dessus du sol. Le musicien Philp Glass en a fait le sujet d’un ballet avec une belle musique répétitive.
Trop rarement, (mais c’est ce qui fait la valeur de la chose) il nous arrive, en pratiquant le tai chi, de ressentir cette sensation de ne plus toucher le sol, peut-être parce qu’en ce très court moment de grâce, nous sommes pile poil « là où nous devons être ».
C’est sur « le cheval et l’âne » de La Fontaine en annexe ) que je clos ces vœux chinois. Cette fable met en lumière l’importance de l’entraide et de la solidarité. Les Chinois avec le mot d’ordre déjà ancien « enrichissez vous ! » semblent faire le choix inverse du « chacun pour soi ». En ces temps troublés, je souhaite que nous, qui avons largement testé l’égoïsme, sachions nous montrer plus réfléchis dans nos actes. Je vous souhaite bien sûr une bonne santé, beaucoup de joies et peu de soucis. Je vous souhaite d’être forts pour affronter les épreuves et d’être capables de compassion et d’écoute. « Soyez riches de ce que vous avez donné ».
Bien cordialement
(sculpture faite avec la cage d’un bouchon de champagne par Melanie Vallet photo perso)
Annexes /bibliographie /origine des images
http://fr.wikipedia.org/wiki/The_Photographer
http://fr.wikibooks.org/wiki/Chinois/Les_tons.
505 caractères chinois à connaitre Catherine Meuwese ed Ellipses
Glossaire du grand enchainement Hervé Marest (Yang Jia Michuan Taijiquan)
Images :
http://www.livegalerie.com/Sculpture,cheval,2,art.html
LE CHEVAL ET L’ÂNE
En ce monde il se faut l’un l’autre secourir.
Si ton voisin vient à mourir,
C’est sur toi que le fardeau tombe.
Un Âne accompagnait un Cheval peu courtois,
Celui-ci ne portant que son simple harnois,
Et le pauvre Baudet si chargé qu’il succombe.
Il pria le Cheval de l’aider quelque peu :
Autrement il mourrait devant qu’être (1) à la ville.
La prière, dit-il, n’en est pas incivile : (2)
Moitié de ce fardeau ne vous sera que jeu.
Le Cheval refusa, fit une pétarade ; (3)
Tant qu’il vit sous le faix mourir son camarade,
Et reconnut qu’il avait tort.
Du Baudet, en cette aventure,
On lui fit porter la voiture, (4)
Et la peau par-dessus encor